Les Mastabas

C'est vers la fin de la Vème dynastie que le gouvernement leva l'interdit concernant l'utilisation de l'espace sacré d'Abydos comme lieu de sépulture. Des mastabas furent découverts au début du XIXème siècle par Lepsius et vers la fin du siècle par Mariette. Ce dernier qui découvrit en 1860 l'autobiographie de Ouni, fit découper le bloc de calcaire de 3 m de large pour le faire porter au Musée du Caire. Les fouilles  de ce  lieu qui devait se révéler être une véritable nécropole, ont été reprises par le Kelsey Museum et la Pennsylvania-Yale-New York University en 1995 puis par le Kelsey Museum en 1999 et 2000,2007 et 2009.   Les résultats en sont décrits dans la page suivante.

Le mastaba de Iouou

Le premier monument construit dans la nécropole de l'Ancien Empire à Abydos fut le mastaba du Vizir Iouou. Faits de briques crues, ses murs extérieurs mesuraient environ 26 m de long, avec une épaisseur de 5 m et une hauteur probable de 5 m, préservée actuellement sur 3 m (Janet Richards, 2009 et 2010). Il constituait un contrepoint visuel à l'enceinte de Khasekhemouy.

La chapelle externe sur ce mur  est dépourvue pratiquement de décorations, mais la partie inférieure d'une fausse porte restée sur place présentent de beaux reliefs dont  la qualité laisse à penser qu'ils proviennent d'un atelier royal. Ces reliefs représentent  8 fois le Vizir Iounou, une fois avec son fils Ouni. Ce dernier relief aurait été rajouté par son fils Ouni.

Les éléments restant de sa position administrative , à la fois Juge en chef et Vizir et le titulature de Pepy I dans un cartouche indiquent qu'il se trouvait juste en dessous du roi au début de la VIème dynastie. Sa chambre funéraire se situe en bas d'un puits de 10 m de profondeur. Ses décorations en bas reliefs sont bien préservées décrivant des scènes d'offrandeset avec des inscriptions peintes en bleu.  Un sarcophage massif en calcaire repose sur le sol.

Les inscriptions des murs, du sarcophage et du linteau font référence à Khentiamenthou et à Osiris. mais c'est Osiris qui domine. Il est cité 9 fois contre seulement 4 fois pour son prédécesseur, et encore apparaît-il seulement deux fois seul et deux fois associé à Osiris. Sous le règne de Pepy I, Osiris prenait ainsi de l'ascendance sur le dieu originel d'Abydos.  (explications et descriptions de Janet Richards, 2010)

Le mastaba de Ouni

Les nouvelles fouilles ont permis de mettre à jour une importante structure en briques crues de 29 m de coté, avec des murs d'une épaisseur de 3 m et d'une hauteur de 5 m. A ce mastaba est accolée une chapelle ( voir le croquis ci-contre). Son autobiographie était inscrite près de la porte d'entrée de la chapelle. Parmi tous les textes des stèles,  l'autobiographie d'Ouni se détache nettement par ses qualités, notamment littéraires. Un relevé  du texte est publié dans le livre de Marietta, reproduit dans une page annexe.

Les nouvelles fouilles ont révélé outre de nouveaux reliefs funéraires laissés sur place par Mariette, une nouvelle stèle fausse porte encore en place dans la chapelle, mais cette fois fragmentaire.

Au moment ou Ouni construit son tombeau, Osiris est déjà mentionné comme le seigneur d'Abydos. Dans cette tombe, Osiris est cité 4 fois sur différents murs, tandis que  Khentiamenthou est cité une seule fois en liaison avec Osiris.

Ouni commença sa carrière sous le régne de Téti, puis monta en grade sous Pepy I et fut promu comme Gouverneur de la Haute Égypte sous Mérenrê. Il est sur que la position élévée de son pére Iouou a favorisé son ascension. Finalement il fut nommé Vizir probablement sous le même roi. La construction de sa tombe a commencé pendant qu'il était Gouverneur. Le vizir portait également le surnom de nefer nekhet mery-Rê.

Des sondages sur toute la zone autour du mastaba d'Ouni ont révélé l'existence d'un véritable cimetière,  très bien ordonné, faisant manifestement partie d'un plan d'ensemble.  C'est une zone très chargée, une nécropole pour l'élite provinciale locale. On a trouvé de nombreuses statues des propriétaires des tombeaux. Leurs tombes étaient petites, mais ils avaient le droit de les placer en haut de la colline, d'où l'on pouvait apercevoir les tombeaux de la 1ère dynastie. Les descendants des propriétaires ont conservé les tombeaux pendant plusieurs générations jusqu'au Moyen Empire.

Un troisième mastaba a été fouillé par l'équipe du Kelsey Museum. Situé au  sud-est de celui de Ouni, il possède une architecture différente. Ce tombeau est celui de Idi, fille ou petite fille de Iouou. Par contre; le dieu cité est Anubis, qui est plus proche de  Khentiamenthou que d'Osiris.